The Right Thing to do: Cicero’s De Officiis

translated by G. B. Cobbold, Bolchazy-Carducci Publishers 2014, Pb 320 pages, ISBN: 978-0-86516-824-2-4 ($12.00).

Rééditer ou retraduire une œuvre classique aussi populaire, aussi travaillée que peut l’être le traité du De Officiis (44 avant J.-C.) de Cicéron, peut sembler être une gageure de taille car ce texte cicéronien a déjà bénéficié de nombreuses traductions ces dernières années. Or la démarche entreprise par G. B. Cobbold constitue un exemple probant. L’auteur commence par rappeler certains éléments de contexte essentiels, comme par exemple la situation de Cicéron à l’époque de la Rome tardo-républicaine. La biographie de Cicéron, son parcours d’homme politique et d’avocat, ainsi que sa vie personnelle sont ainsi mis en lumière afin que tout lecteur - qu’il soit amateur ou spécialiste - puisse saisir les tenants et les aboutissants, les enjeux et les perspectives de ce traité philosophique (The Right Thing to do) rédigé par Cicéron en 44 avant J.-C. à l’attention de son fils Marcus. Rappelons en effet que pour l’Arpinate (106 avant J.-C. - 43 avant J.-C.), « l’éthique doit être immédiatement rapportée à la vie, en tant que “manière” de vivre réglée selon des principes que l’homme vertueux applique droitement. La vertu est “l’application parfaite de la raison à la vie” » (Traité des Lois I, XVI). Or l’accès à cette œuvre antique est facilitée par le choix opéré par le traducteur – qu’il précise dans sa rubrique « A Note on the Translation », visant au « confort » de lecture de toute personne intéressée par l’histoire romaine ou la philosophie antique. C’est animé du même souci didactique que G.B. Cobbold a placé en fin de volume un copieux glossaire des noms, lieux et termes techniques (p. 239-284), qui lèvent la plupart des difficultés d’ordre biographique, conceptuelle, philosophique ou civilisationnelle.

En ce qui concerne la morale pratique, elle est dominée, dans le De Officiis, par le conflit apparent entre l’honnête et l’utile. Cicéron déclare s'inspirer du philosophe stoïcien Panétius dans les deux premiers livres. Mais en fait, là et surtout dans le troisième livre, il se réfère directement au platonisme pour affirmer, comme les stoïciens aussi l’on fait après Platon, qu’il n’y a d'utile que l’honnête. Cela résout à la fois le conflit et donne leur sens véritable aux paradoxes de la vie philosophique. La traduction fluide et élégante du texte cicéronien - qui n’est pas sans présenter certaines aspérités conceptuelles et/ou syntaxiques – favorise l’accès au sens, et en facilite la compréhension. Tout en restant fidèle à l’esprit de Cicéron – ne dit-pas souvent « traduttore traditore » ?, G. B. Cobbold, connaisseur aguerri de l’Arpinate, fournit une traduction enthousiasmante, qui donne envie de (re)découvrir un texte considéré comme le testament philosophique de Cicéron, et ce d’autant plus que la structure des trois chapitres constitutifs est clairement mise en évidence par une formule laconique récapitulative.

Franck COLOTTE
(Trésorier d’EUROCLASSICA
Président de l’Association Luxembourgeoise des Professeurs de Latin et de Grec)